Pointe des Fires - ski de rando

vendredi 14 janvier 2022


Circuit rando ski à la pointe des Fires (1956 m)

8h30; Il fait très beau, pas un nuage, ciel d'azur profond dans un air froid sur cette contrée sauvage et pittoresque du Chablais du secteur Darbon-Bise.

Nous sommes quatre, partis de nuit car on sait que la route sera longue de Vacheresse (La Revennette-877-) au sommet des Fires , surtout pour fermer le circuit en boucle en passant par le vallon de Bise, 60C au départ et des paysages immaculés et paisibles. La forêt silencieuse du vallon de Darbon offre une longue montée alternée rive gauche, rive droite du vallon de Darbon, entrecoupée de traces d'animaux. 15, 5 km et 1150 m de dénivelée nous attendent puisque cette traversée nous tente.

Six chamois tranquilles dans la grande combe de Pelluaz ; en deux heures nous gagnons les chalets endormis de Darbon que dominent la pointe de Pelluaz et les portes d'Oche. Ici, plus aucune trace pour s'engager dans le vallon secondaire de Floray. Déjà dans l'est lointain, on aperçoit la pointe des Fires irradiée de soleil...on retrouve deux cents mètres plus haut, après avoir tracé et par sections, les vestiges d'un passage plus ancien qui conduit au col de Floray que nous devons rallier. ll faut contourner l'épaulement nord de la pointe des Fires. La pente se redresse et nous chaussons les couteaux par sécurité. A 100 m du sommet un passage délicat vient en obstacle, qu’il est nécessaire de franchir, en versant convexe à 350 une traversée sur une crête de coq en bordure d'un ressaut rocheux : neige granuleuse sur fond gelé. On bataille, la chute n'est pas possible ; sortir la corde de 22, trop courte, serait illusoire ; efforts et concentration pour forcer le passage. Nous sortons enfin sur les croupes terminales qui, plaquées, s’effritent sous nos skis ; soulagement à l'arrivée au sommet sur le dôme de neige. Il y a quatre heures que nous évoluons.

Panorama superbe sur les verticalités de la pointe des Pavis, des Cornettes de Bise et les Dents du Midi. Nous sommes seuls au monde. Douceur sereine et paix inébranlable.

Mais déjà, la question de la suite s’impose : où passer pour basculer en versant sud-est ?

Tout le col est très corniché avec de big surplombs! Reconnaissance rapide côté brèche sud où nous devrions passer 40m en dessous ; passage visiblement très difficile et exposé ; très grosses coulées au-dessous et corniches menaçantes, signes annonciateurs de la suppression de la pause midi...on tourne les skis jusqu'à la brèche nord, ici, seuls trois mètres dégagés où la corniche s'est effondrée laissant sur 100 mètres en dessous et avec un départ à 40 0des amoncellements de grumeaux chapeautés de poudre, de deux à trois m3 ; la pente est coupée de couloirs rabotés jusqu'à la glace où apparaissent quelques requins mal placés...aucune envie de revenir en arrière avec le passage craignos de l'épaulement surtout ; la décision est prise de garder peaux et couteaux et de descendre en escalier le plus bas possible pour retrouver des champs de neige apparemment skiables. On zigzague, espacés, un œil sur les corniches supérieures pour jauger du moindre danger dans ces petits couloirs entrecoupés de cassures sporadiques menaçantes du manteau (« découper suivant le pointillé »).

A l'abri d'une boule glacée et quarante minutes plus tard on dépeaute enfin pour pouvoir nous lancer sur 400m dans la pente des ravins successifs du vallon de Bise ; neige dédurcie d'abord , pas toujours décaillée ; mélange tantôt de poudre, de croûte, de tôle glacée...le vallon principal une fois rejoint s'apprivoise mieux ; les chalets de Bise, blottis les uns contre les autres, dorment dans le silence blanc et lumineux . Nous y faisons une pause méritée ; la descente du vallon sur sept kilomètres nous ravit : neige poudreuse et froide protégée par la forêt ; enchainement de ski-bonheur jusqu'au départ ; boucle accomplie.

Il est seize heures. Superbe sortie et belle traversée qui nous révèle une fois encore qu'une course annoncée PD peut très bien devenir AD suivant les conditions ; nous avons déjà connu des AD moins ardues. La nuit prochaine sera douce...

Jiecé.

Cliquer sur la photo pour voir l'album